En plus d’avoir une sacrée belle gueule, Xavier Dolan est sacrément doué lorsqu’il s’agit de mettre en scène de façon entêtante des films d’une folle grâce. Avec LES AMOURS IMAGINAIRES, le jeune homme signe un film pop bourré de charme et d’influences digérées. A croire qu’il a bouffé du Wong Kar Wai depuis son enfance. Le truc, c’est fit du Wong Kar Wai mieux que Wong Kar Wai. Et cela ne se limite pas à de somptueux ralentis qui hérisseront les poils de tous ceux pour qui un grand film ne peut pas être un beau film.
En même temps, il ne faut pas trop s’emballer. Cette bulle de champagne cinématographique, aussi volage que légère, n’est peut-être pas appelée à occuper une place éternelle dans l’histoire du cinéma. Mais vous savez quoi, là, l’histoire du cinéma je m’en tamponne un peu le coquillard. Alors, c’est beau mais de quoi ça parle.
Francis et Marie sont des amis aussi attachants qu’improbables. Les fondements de leur amitié font être secoués par une sorte de Tazzio, immédiatement détestable, qui agite ses blondes boucles à
la face du monde sans se soucier des dommages collatéraux provoqués par ses armes de séduction massive. Dès lors, le jeune gay et la fille vintage vont se livrer à de petites luttes mesquines
mais hilarantes pour séduire le bellâtre. Avec un fort parfum de JULES ET JIM, des plans à la Godard et une BO obsédante (Dalida, Indochine, The Knife, Fever Ray ou encore House of Pain), ce qui
ne gâte rien. Mais surtout, quel sens de l'image. Il y a trop de plans magnifiques pour en extraire un seul, mais celui de la réconciliation, sous la pluie et d'une simplicité tout bonnement
effrayante de beauté.
On pourrait passer à côté du film en lui reprochant d’être trop maniéré et de sombrer dans un esthétisme trop voyant. Ce serait dommage. Reproche-t-on à une chanson des Beatles d’être trop simple et efficace ? Ce serait un aveu évident de mauvais goût que de ne pas se précipiter dans une
salle obscure pour goûter à cet objet de désir.