Passionné de comics et de cinéma, geek à ses heures, sportif dans une autre vie, Le Berty aime poser un regard amusé sur le monde qui l'entoure. Et c'est pas toujours facile...
BATMAN - WHITE KNIGHT
Publié par Le Berty
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9 Novembre 2018, 12:51pm
Urban nous propose la VF de la dernière création de Sean Gordon Murphy, une relecture délirante et passionnante de la relation toxique entre Batman et le Joker. Indispensable.
Vous le savez, ici on adore les comics. Mais force est de constater que l'intérêt était un peu retombé ces dernier temps à cause d'un réel manque d'originalité et de prise de risque. Bref, ça ronronnait et de notre côté, on avait du mal à se passionner pour un énième reboot. Mais l'annonce d'un nouveau projet de Sean Gordon Murphy (PUNK ROCK JESUS, THE WAKE, CHRONONAUTS, JOE THE BARBARIAN...), un de nos auteurs et dessinateurs préférés, avait relancé l'intérêt. A raison.
Pour faire bref, WHITE KNIGHT propose un univers hors continuité où Batman est devenu un brin trop extrémiste dans sa façon de rendre la justice. Seul le résultat lui importe et tant pis pour les dommages collatéraux. Face à un joker qui se positionne comme son plus grand fan, le justicier pète les plombs et va trop loin. son passage à tabac du Joker devant des caméras retourne l'opinion publique. Pire, il force le Joker à ingurgiter des médicaments non testés et cela a pour effet de faire ressortir la personnalité de Jack Napier. Ce dernier se pose en nouveau protecteur de Gotham avec des méthodes bien plus acceptables que celles de Batman. Il n'en faut pas moins pour envoyer le Dark Knight derrière les barreaux et faire de Napier le nouveau héros de Gotham, son White Knight. Mais tout n'est pas si simple et Harley Queen aura son mot à dire.
Outre une proposition graphique ahurissante (pour peu qu'on ne soit pas allergique au trait de Murphy), WHITE KNIGHT propose un relecture très intéressante de l'univers de Batman. Il pose des questions passionnantes sur le vigilantisme, sur la possibilité d'offrir une seconde chance même aux êtres les plus ignobles et sur les relations intimes que peuvent nouer deux forces antagonistes.
Surtout, en dehors de deux versions alternatives de Batman et du Joker, il donne la part belle à une Harley Queen que l'on n'avait jamais vu aussi primordiale dans un récit. Loin de la potiche décérébrée ou de la foldingue sympathique des dernières versions, elle devient ici une femme amoureuse mais consciente du monde qui l'entoure. Elle n'est plus une marionnette, mais bien le marionnettiste. Elle n'est d'ailleurs pas le seul personnage féminin à bénéficier d'un bon traitement puisque Batgirl semble être le seul personnage doté d'un raisonnement cohérent du côté des "gentils". A ce titre, on note chez Murphy une progression dans sa façon de représenter les personnage féminin. Alors que son trait est très anguleux, les femmes bénéficient de courbes plus souples, notamment dans leurs visages.
Récit auto-contenu (bien qu'ouvrant sur une suite), WHITE KNIGHT enchaîne les scènes d'action démentielles avec un sens parfait du découpage et du storytelling. D'un point de vue graphique, Murphy est à son sommet. Mais Murphy l'auteur frappe également très fort avec un récit qui lance une multitudes de pistes et propose une réflexion mâture sur des personnages déjà exploité des milliers de fois. Et ce n'est pas la moindre des réussite de cet album.
Dans la version régulière, Urban propose de nombreux bonus, dont de superbes couvertures alternatives. A noter qu'il existe une version collecter en noir et blanc (saluons ici le travail de coloriste de Matt Hollingsworth sur la version régulière) dans un plus grand format.