Si l'adaptation du roman de Scott Fizgerald n'est pas parfaite, THE GREAT GATSBY par Baz Luhrmann est un grand film jouissif. Le réalisateur australien, aidé par un cating parfait, signe son grand retour.
Même si l’association de Baz Luhrmann et Gatsby le Magnifique pouvait sembler évidente, elle relevait cependant du défi pour le réalisateur australien. Chantre de la démesure et du rythme
effréné, Luhrmann pouvait passer à côté du cœur du roman de Scott Fitzgerald et se contenter d’une version 1920 de MOULIN ROUGE. Un écueil évité de justesse par Luhrmann.
Après le fiasco kitsch d’AUSTRALIA, Baz Luhrmann revient en grande forme avec THE GREAT GATSBY. Le réalisateur australien retrouve toute la verve qui avait fait
de MOULIN ROUGE un spectacle étourdissant. En gommant quelques excès qui ont mal vieilli, Luhrmann livre probablement son œuvre la plus aboutie. Jamais la génération perdue de
l’entre deux guerre n’a eu un écrin aussi somptueux pour se livrer à toutes ses folies. Les fêtes chez Gatsby sont superbement mises en images et chaque élément du décor semble avoir été l’objet
de soins particuliers. On en prend plein les yeux comme rarement et le rythme fou du réalisateur nous entraîne une nouvelle fois dans un tourbillon incessant. Mais si on savait déjà que Luhrmann
était un esthète, on voit également qu’il laisse exister ses personnages. Il faut dire qu’il s’appuie quand même sur un texte assez solide en la matière. Dès que sa caméra se calme un peu, on
peut se concentrer sur les performances du casting et, là aussi, on en prend plein les yeux. Pour ceux qui avaient des doutes quant à la capacité de Leonardo DiCaprio à incarner le héros de
Fitzgerald, la première apparition du comédien est une réponse imparable et magnifique. Il EST Gatsby. Surtout, il dépasse de loin l’image d’Epinal pour donner toute la trouble profondeur
nécessaire au personnage. En face, dans le rôle du narrateur Nick Carraway, Tobey Maguire joue sa partition à la perfection, entre éblouissement et dégoût. Carey Mulligan, elle, campe une Daisy
idéale. Une princesse ivre d’amour mais pas assez noble pour renoncer à son royaume.
Ne souffrant d’aucun temps mort, sublimement mis en image et porté par une BO résolument contemporaine et détonante, THE GREAT GATSBY marque le retour en grande forme de Baz Luhrmann. C’est une bonne nouvelle pour tous ses fans. Mais ceux de Fitzgerald y trouveront-ils leur compte. Si vous êtes un habitué de ce blog, vous savez que THE GREAT GATSBY fait partie de ces rares livres que l’on emporterait sur une île déserte pour le redécouvrir régulièrement. Et si le film de Luhrmann frôle la perfection, l’adaptation du roman fait l’impasse sur certains éléments que l’on aurait aimé retrouver. Le film livre, en creux, un critique de la société américaine régie par la puissance des riches. Une critique bien moins féroce que dans le roman. Ainsi les résolutions de Gatsby font un peu trop l’impasse sur le rejet qu’il a vécu. Son rejet par la mère de Daisy qui voulait pour sa fille un meilleur parti est la base de la création du personnage. Dommage que cet aspect soit un peu occulté. Dommage aussi que soit oublié le flirt entre Nick Carraway et Jordan Baker, essentiel pour comprendre la frontière invisible entre les différentes classes sociales.
Mais si on aurait aimé un peu plus de cruauté et de profondeur, il n’y a rien pour gâcher notre plaisir devant cette superbe mise en image du roman de Fitzgerald. La lumière verte brille toujours au bout de la jetée et la sensation d’avoir son rêve à portée de main est bien présente. Que la fête soit. Au moins jusqu’au petit matin.