CAPTIFS - Kevin Brooks - Editions Super 8

Encore une fois les éditions Super 8 nous proposent une pépite venue d'Angleterre. Malsain, captivant, passionnant de bout en bout, CAPTIFS est de ces romans qu'on ne peut abandonner avant d'avoir tourné la dernière page.

Six personnes venues d’horizons totalement différents se retrouvent enfermés dans un bunker souterrain totalement hermétique, à la merci de celui qui les a kidnappé et qui semble s’amuser de leur cauchemar. Une jeune SDF en rupture avec une famille aisée, une petite fille de 9 ans, un toxicomane sur les nerfs, un vieil homme malade, un consultant arrogant et une jeune femme carriériste et agressive vont se retrouver face à une situation inédite et angoissante. Le temps finit par perdre de sa substance. L’autre devient tantôt un phare dans un océan de désespoir, tantôt un loup dont il faut se méfier. Attendre ? Tenter de s’échapper ? Trouver un moyen d’apitoyer son geôlier ? Etre solidaire ou ne penser qu’à soi ? Comment survivre à cette épreuve ? Autant de questions que les six captifs vont se poser à longueur de temps, plongés dans l’expectative la plus totale.

CAPTIFS, nouvel électrochoc que l’on doit aux éditions Super 8 dont on avait déjà adoré THE ROOK et DERNIER MEURTRE AVANT LA FIN DU MONDE, nous plonge au cœur de la psyché de Linus, le jeune fugueur. Le roman se présente comme son journal intime de captivité et l’on suit le lent délabrement physique du groupe tout comme l’effondrement du dernier bastion d’espoir quand la réalité s’impose, seul le maître de ce jeu en connaît la fin. Et on peine à l’envisager heureuse.

Dans son roman d’enfermement, l’Anglais Kevin Brooks joue avec les clichés du genre. La tentative d’évasion, l’adaptation aux autres, la paranoïa maladive, les privations physiques, la torture psychologique, tout passe à la moulinette d’un auteur qui n’a pas peur d’aller au bout du malsain. Car en choisissant la forme du journal intime, non seulement il plonge le lecteur au plus profond de l’esprit et du ressenti des personnages avec un style direct et dépouillé, mais il lui fait se poser des question sur lui-même. Car le lecteur se retrouve exactement dans la même position que le mystérieux psychopathe qui a eu l’idée de ce jeu cruel. Comme le monstre, le lecteur devient un témoin qui se passionne pour ces souris de laboratoire sans jamais intervenir en leur faveur. Un jeu de miroir malsain mais passionnant.

Il y a les livres que l’on conseille à des amis en espérant qu’ils les liront un jour. Et il y a les livres que l’on offre pour être sûr de pouvoir en parler avec quelqu’un. CAPTIFS fait partie de ceux-là.