Guillaume Galienne frappe fort avec sa première réalisation. Le comédien aborde des sujets sensibles et réussit le parfait équilibre entre drame et comédie, même si cette dernière l'emporte heureusement.
De temps en temps, et pour la plus grande joie des spectateurs, débarque un film qui ne ressemble à aucun autre. Un cri du cœur qui réussit le tour de force d’être aussi un bel objet (oui, le
cinéma c’est le fond ET la forme). Quand ça arrive on dit merci et on attend le prochain avec impatience. LES GARÇONS ET GUILLAUME, A TABLE est donc l’ofni de cette fin d’année.
Si le premier film de Guillaume Galienne ne sauvera pas l’année du cinéma français (bien qu’il soit parti pour réaliser un très joli box office), il demeure totalement à la hauteur des louanges
qui lui ont été dressées ailleurs.
L’histoire d’un garçon qui va devoir assumer son hétérosexualité alors que toute sa famille le pensait homosexuel. Voici la meilleure synthèse de ce que propose ce film plein de délicatesse et
elle est le fruit de Galienne lui-même. Dans ce pitch, qui était aussi de son spectacle dont le film est une sorte d’adaptation, Galienne cerne parfaitement tous les enjeux d’un film aux lectures
multiples. Sa famille le pensait homosexuel, voire avait décidé qu’il l’était tant cela permettait de mieux appréhender la différence du petit dernier de la fratrie. Enfant, le petit Guillaume
idolâtre sa mère au point de lui ressembler en tout. Il devient persuadé qu’il est une fille, c’est comme ça. Refusant sa part masculine, il n’envisage même pas la chose sous l’angle de
l’homosexualité. Ça, il laisse les autres s’en charger sans aucune finesse. Lui, il est ailleurs, dans son monde. Le film nous propose alors de suivre le chemin qu’il va parcourir pour s’accepter
tel qu’il est vraiment.
La grande force de Guillaume Galienne, présent à chaque plan et drôlissime dans le rôle de sa mère, c’est de ne jamais sombrer dans le mélodrame. Au contraire, même si l’émotion est toujours à
fleur de peau (superbe scène de chute dans la piscine), elle n’empêche pas son premier film de provoquer un sourire permanent chez le spectateur, voire de francs éclats de rire (hilarante
thalasso en bavière). Ne s’attardant jamais plus qu’il ne faut sur la douleur qu’il a pu vivre, Galienne fait preuve d’une classe folle, autant que d’ambition dans la narration parfois explosée
de son film.
Incroyablement intime sans jamais être impudique, LES GARÇONS ET GUILLAUME, A TABLE est une petite merveille dont les défauts de jeunesse sont amplement compensés par les
indéniables qualités. On attend la suite avec impatience, même s’il est bien difficile de savoir ans quelle direction le réalisateur Guillaume Galienne ira. L’acteur, lui, avait déjà une place
dans nos cœurs depuis longtemps.