Je croise beaucoup de gens qui me demandent comment j’ai trouvé
EXPENDABLES. OK, j’assume ce plaisir coupable, comme ils disent. En revanche, ces mêmes personnes sont très surprises lorsque je leur dit que j’ai beaucoup aimé L’ARBRE. Comme quoi, on peut aimer
les films bourrins et prendre du plaisir devant quelque chose de bien plus sensible et réfléchi. Et sensible, le film de Julie Bertuccelli l’est incroyablement. Devant tant de grâce dans la mise
en scène, face à cette petite musique et à ce rythme contemplatif, impossible de ne pas penser au cinéma de Sophia Coppola. Sauf qu’ici, il n’y a rien qui cherche à faire hype, juste une
sensibilité à fleur de peau. Et de l’intelligence. De tout cela, il en fallait beaucoup devant un sujet aussi casse-gueule. Une famille se retrouve confrontée à un deuil et la mère et la fille
pensent que le père disparu s’est réincarné dans l’arbre gigantesque qui jouxte la maison. Le tout dans l’outback australien écrasé de chaleur. Face à cet arbre tentaculaire, Charlotte Gainsbourg
trouve peut-être son plus beau rôle. D’une élégance rare à l’écran, elle traverse le film en donnant de a chair à son personnage de femme dépassée par une situation déchirante.
Alors il n’a pas été question de verser sa larme, et pourtant il y aurait de quoi, mais la sensation d’être touché en plein cœur est pourtant là à la sortie de la salle. Cet arbre, filmé de façon
à ressembler à une immense pieuvre entourant sa maison de ses tentacules sans fin, est un personnage à part entière autour duquel gravitent des humains aussi perdus que des fourmis. Il faudra une
tempête pour rompre les racines du titan végétal. Un déchirement symbole de la nouvelle vie qu’il faut décider après un deuil. Vraiment un beau film.