Il faut quand même que je vous dise que suis assez têtu dans mon genre. Surtout en ce qui concerne les livres que l’on me conseille. De longues études littéraires mon convaincu qu’il n’y a pas de
meilleur livre que celui que l’on choisit soi-même au hasard d’une flânerie dans une librairie. Ainsi, tout au long de mon adolescence, et même au-delà, un ami n’avait cessé de m’inviter à lire
Le Seigneur des Anneaux. Et ce n’est que des années plus tard, à l’occasion de la sortie des merveilleux films de Peter Jackson que je me suis décidé à découvrir ‘œuvre de Tolkien. Avec le
résultat de regretter de ne pas m’y être plongé plus tôt.
Tout ça pour dire qu’il a fallu que j’attende la série HBO Game of Thrones pour découvrir les romans de George R.R. Martin publiés sous le titre généra du Trône de Fer. Obnubilé que j’étais par
les romans de David Gemmel, je rechignais à changer de crémerie. Sauf que Gemmel tutoie désormais les anges et que sa production en est considérablement ralentie. Va donc pour Martin, encouragé
par des articles élogieux concernant l’adaptation télévisuelle.
Autant vous dire tout de suite que je suis devenu accroc en quelques pages. Son œuvre et le monde qu’elle décrit son aussi dense que chez Tolkien, avec une modernité dans l’écriture fort
bienvenue. Même si je n’en suis qu’au deuxième tome, je suis déjà happé par les intrigues nouées. Car si les romans sont vendus sous l’étiquette Fantasy, il faut bien reconnaître que l’on est
plus proche d’une saga comme Les Rois Maudits que d’un roman peuplé d’elfes et de sorciers. A vrai dire, hormis un prologue glaçant dans le premier tome, le fantastique laisse sa place à des
intrigues de cour plus que passionnantes, même si la menace venue du Nord se devine surnaturelle. Et c’est avec un plaisir intense que l’on suit les aventures plus que réalistes qui mêlent les
maisons Stark, Barathéon et Lannister. Peuplé de personnages charismatiques, le Trône de Fer explore des thèmes tels que la soif de pouvoir, la filiation, le poids des responsabilités et la
cupidité. Bref, une sorte de comédie humaine médiévale. Chaque personnage a son histoire propre, ses motivations et ses doutes. Et le tout forme un ensemble extrêmement cohérent malgré l’ambition
de l’œuvre qui s’étend sur quatorze tomes. Le genre de truc que l’on se sait incapable d’écrire soi même. Ce qui décuple le plaisir de lecture. D’autant que le vocabulaire utilisé s’interdit la
moindre facilité. Parler ici de chef d’œuvre n’est pas exagéré.
Un terme que l’on peut facilement appliquer à la série HBO. Hyper réaliste, mature et violente (le cahier des charges minimum pour une production HBO, me direz-vous), Game of Thrones jouit d’un casting parfait avec notamment Sean Bean en Lord Eddard Stark. La production ne souffre pas d’un budget limité (il n’y a qu’à voir les premières images du mur du Nord pour en être convaincu) et surtout, les caractéristiques des personnages sont toutes là. Comme pour ce qu’avait fait Jackson avec Tolkien, la fidélité au matériau d’origine est le maître mot. Et le succès est au rendez-vous de cette première saison. Et l’expérience de lire des chapitres pour en voir aussitôt l’adaptation est particulièrement présente. Une réussite sur toute la ligne. Winter is coming.