LUCY - L'avis du Bertyblog

Avec LUCY, Luc Besson recycle tous les éléments qui ont rendu son cinéma identifiable. Souvent avec succès, parfois dans le plus grand ridicule. Si le réalisateur se refait une santé, le scénariste Besson reste toujours approximatif. Scarlett Johansson, elle, est impériale.

Après un MALAVITA qui nous avait laissé penser que Luc Besson n'avait plus rien à apporter au cinéma, l'annonce de ce LUCY nous avait laissé perplexes à la rédaction. Il y avait ceux qui ne voulaient même pas en entendre parler, celle pour qui Scarlett Johansson n'était pas un raison suffisante pour aller voir un film et celui qui voulait encore y croire. Bref...

Coupons court au suspense, LUCY n'est pas à compter parmi les grands films du réalisateurs. Mais il est loin d'être la purge attendue et décrite par certains. Derrière la caméra, Besson semble avoir retrouvé une envie de jeune homme. Il tente de nouvelle choses, à commencer par une première séquence dialogue assez statique mais diablement rythmée. Parfaitement à l'aise avec les techniques numérique, il offre aux aventures de son héroïne un écrin splendide. Les couleurs sont chaudes, les cadres soignés. On en prend plein les yeux. Et tant pis sis certaines figures de style (la présentation du grand méchant de dos, l'utilisation de certaines focales) font un peu déjà vu. Cela veut surtout dire que Besson a un style et c'est déjà pas mal. Surtout, Besson semble avoir lâché la bride à ses acteurs. La direction d'acteur de Luc Besson est probablement ce qu'il y a de pire chez lui. Franchement, même si on peut adorer son cinéma, les personnages gaffeurs, bégayant et ahuris qui peuplent ses films sont des plaies ouvertes sur lesquelles on nous verse du vinaigre. Ici, conscient qu'il avait en la personne de Scarlett Johansson un diamant en ter les mains, il semble ne pas avoir influencé son jeu.

Bien lui en a pris car l'Américaine réalise une nouvelle grande performance. Elle rend crédible le passage d'une étudiante écervelée à une entité omniscience. Surtout, elle est touchante lorsqu'elle réalise que le savoir qu'elle acquiert prend petit à petit la place de son humanité. Parfaitement à sa place dans l'univers de Luc Besson, elle campe à merveille une de ces femmes fortes dont le réalisateur à fait sa spécialité.

Là où le bas blesse, c'est malheureusement au niveau du scénario. On ne va pas revenir sur l'hypothèse de notre cerveau utilisé à 10% de ses capacités. C'est un point de départ et il en vaut tout autre. Après tout, on s'est bien éclaté récemment à voir un raton-laveur parler et tout dézinguer à coup de grosse pétoire... Ce qui est un peu gênant, c'est cette sensation que le film se termine au moment où son histoire pourrait connaître un deuxième souffle. Certes, nous sommes prévenus assez tôt que Lucy ne tiendra pas plus de 24 heures, mais la fin est cependant abrupte. Et si le personnage de Lucy est assez bien traité (on aurait quand même aimé un tout petit peu plus d'introspection), le reste du casting ne peut pas en dire autant. Morgan Freeman n'a pas grand chose à se mettre sous la dent et Choi Min-Sik fait du... Choi Min-Sik.

On aura du mal à pardonner certaines incohérences (pourquoi Lucy épargne sa némésis, un flic qui part chercher du renfort en pleine fusillade au lieu d'utiliser sa radio) et un final pyrotechnique en forme de cache misère alors que l'exploration temporelle de notre univers par Lucy offrait bien plus d'intérêt et de profondeur. Si tout cela ne gâche pas le plaisir, cela contribue à faire rentrer LUCY dans le rang alors qu'il y avait matière à un film bien plus ambitieux.